JEAN  FLUHR

PLUMÉJAL

 mon quartier à PUICHÉRIC 

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             Arrivant de Carcassonne par Marseillette en suivant la D610, Puichéric trône, majestueux, entre fleuve et monts dans un océan de vignes battant les rives des pechs blancs, enserrant les ilôts d'amendiers et les pins parasol.

Au nord , en fermeture  d'horizon, la  Montagne  bleue  que  l'on dit  Noire, doux balancement de roches et de forêts sombres qui ondule et disparaît au levant derrière les escarpements calcaires du causse...
Très tôt, j'ai su parler dans les deux langues de cette terre, le français et l'occitan ou, plus précisément, le patois puichéricois.

Nous  sommes  ici  au  coeur  du  Minervois  traversé  par  l'Aude  et  le  Canal  du  Midi,  ligne  frontière  où  s'éteint  le Minervois et s'établissent les Corbières.

Entre ces deux cours d'eau qui enchantent les hommes depuis des siècles, serpente la Rigole qui a accompagné mon enfance comme elle avait jadis accompagné celle de mes parents et de mes aïeux depuis le XIXème siècle. Espace de  liberté  pour  les  gosses  du  quartier du  pont de  la  Serre, cette rivière au  cours très  paisible  a  draîné nos joies  comme  nos débordements de garnements, à l'âge ou le cortège des bêtises quotidiennes n'altérait en rien la bonne humeur des gens du cru. Enfin, quarante ans après nos exploits d'antan, j'ai la naïveté de le croire...




  

Les  soirs  d'été,  les  hommes  du  quartier  du pont  de  la  Serre venaient discuter sur le pont. Machinalement, certains aiguisaient leurs couteaux sur  la  pierre  tendre   du   parapet tout  en devisant, tandis que  d'autres,   prévoyant   la partie  de  pêche  du lendemain  et souhaitant apâter les barbeaux  du "Coude de l'Aude", ramassaient  par poignées  les papillons de nuit ,mourants, qui avaient été attirés par la pâle lueur du réverbère sous lequel ils s'étaient regroupés.
                                 

 

  Durant l'entre- deux guerres, la pêche était une des activités pratiquées depuis l'embouchure de l'Aude jusqu'au Rajoulet par quelques hommes du quartier.
   Guillaume VAISSIÈRE dit "Mamétou" , mari d'Élisa, lançait ses filets dans la Rigole, puis, sa femme allait vendre le produit de sa pêche dans les rues du village.
                     



PUICHÉRIC:  les bords de la Rigole dans les années 1930. La maison des SOULIÉ:  la plus sombre à gauche à hauteur de l'escalier.


Au cours du mois de juillet 1956, la mairie procéda à la plantation de saules pleureurs de part et d'autre de la Rigole. Ils vécurent 50 ans.

L'ancien moulin, juste avant l'Embouchure en 1925.

    J'ai pêché mes  premiers poissons à l'Embouchure, havre de sérénité qui me permettait de jouir du spectacle de l'Aude et de la pénétration des eaux de la Rigole
dans ce fleuve magnifique, dont je ne me suis jamais lassé d'admirer le calme du courant, les réflets scintillants et le mouvement ondoyant des grandes herbes noyées.
Au fond du paysage, ont reconnait l'atelier des SOULIÉ: grand bâtiment clair doté de trois fenêtres sombres.

La cave de PUICHÉRIC dans les années 1930. Pendant mes vacances, j'y ai porté des comportes avec le père SOLANILLE.

                                                             
Ancienne route Minervoise, avant les pavés, au début du XXème siècle.


La route minervoise traversait le village depuis le pont de la Serre jusqu'aux écoles. Quelques rares commerces y prospéraient: la boucherie d'Albert ROUSSET     le café du Centre, la ferblanterie PASSET au niveau du groupe d'enfants (Raymonde mère de Jean-Pierre SOULIÉ et sa soeur Renée sur la photo), .



 

 Cette rue montait en pente douce depuis le café de l'Aude jusqu'au pont suspendu. À côté de la mairie se trouvait le cinéma qui ne fonctionnait
 que le dimanche dans les années cinquante.Sur le trottoir d'en face, Jeanot TOUSTOU vendait des glaces et quelques friandises de sa fabrication.
                                 

 

Au " Café de l'Aude ",les contes et légendes se faisaient et se défaisaient au rythme des parties de manille , belote et rami, agrémentées 
de  quelques verres, de vin  local  ou d'apéritif  de  fabrication artisanale que seuls les papets du cru pouvaient apprécier sans s'étouffer.
Photo prise en février 1930, car le 3 mars, les inondations endommagèrent la devanture qui fut refaite par Édouard et Roger SOULIÉ.
De gauche à droite : 3ème VIÉ, père de germain- 4ème : LIGNIÈRE (bossu). De droite à gauche : 3ème : Gaston TESSEIRES.

LA GARE  DE  PUICHÉRIC VERS  1930. Ligne : MOUX - CAUNE - MINERVOIS.

Pour quelle raison ai-je intitulé mon site : PLUMÉJAL ?

Ce  désir   tient   essentiellement   à   mon   attachement   profond   à   Puichéric   et  plus  particulièrement  à  ce  quartier  au  sein duquel vivaient mes ancêtres   les plus  proches depuis le Second Empire.
Le
PLUMÉJAL recouvre les terres au sud de l'entrée ouest du village, ainsi que le groupe de maisons implantées le long de la Rigole- aujourd'hui route
de Saint-Germain- jusqu'à la maisonnette du chemin de fer et le bois des pins.

Les  principales  familles  qui  y  vivaient  avaient pour nom : LEYDA : mes aïeux et grands-parents, puis FLUHR  nous-mêmes, les  SOULIÉ,  amis de  longue  date, considérés  de  tout  temps comme le prolongement des miens, PARASSE et la célèbre ROSE, figure légendaire à la voix de stentor, BUSIRIS famille nombreuse, GARETTA et VITALIS, TORRECILLA, CAMPO, SOLANILLE et son gendre BONNET, voilà pour l'essentiel.

Tous   les   ingédients   étaient    réunis    pour   vivre   une   enfance  heureuse,   sans   soucis,   entouré  de   l'affection   de   tous  :  indicible   privilège des  gamins du PLUMÉJAL.

                                                                        
 

Joseph LEYDA ( 1860-1940 ) mon arrière-grand-père.
 Dans son regard, toute la détermination d'un homme courageux.

photos

 Antoine LEYDA ( 1894-1946 ) et ses parents: Thérèse ( 1871-1963 ) et Joseph LEYDA ( 1860-1940 ).

À eux trois, ils ont connu: un empereur, onze papes et quatorze présidents de la république.

  Avant  de  poursuivre  l'histoire  de  ma  famille  maternelle  et  de  ses  amis de Puichéric, je souhaiterais apporter des précisions concernant les évènements essentiels de leur vie, mais aussi conter quelques anecdotes qui ponctuèrent leur existence faite de labeur incessant et de joies intimement vécues.


Gérard Joseph LEYDA : fils de Augustin Lleida et de Marie Ferras
   
   Né  à  Aler, en   Espagne  le 23  septembre 1860,  il  fut  marié  à  Carmen  Capdevila  dont  il  eut  un  enfant : Joseph, appelé   " lé chaléco". Veuf, il  vécut  seul  avec  son  fils  jusqu'à  son remariage  le  3  juillet  1892  avec Thérèse  PUY,  notre  arrière grand-mère, née à Merli en  Espagne  ( province  de  Huesca,  à  côté  de  Graus )  le   29/12/1871   et   arrivée   d'Espagne  avec  toute  sa  famille, car la famine séviçait gravement dans son    pays.    Ils    vécurent     chez      des   parents   à    LEUC   puis    à   Couffoulens,   villages     proches de Carcassonne, jusqu'au   début  des   années  1890   avant  de s'installer  à  Rieux  Minervois où naquit mon grand-père Antoine  Leyda  le 22  avril  1894. Après, ils  eurent une fille nommée Joséphine qui ne vécut que trois jours du 23 au 26 octobre 1894.
Joseph  Leyda  est  mort  le  22  juillet  1940,  vers  20  heures,  à   Puichéric,   entouré   des   siens  et  de  la famille SOULIÉ : Édouard sa femme Calixtine et leur fils unique Roger qui m'a raconté les derniers instants de Joseph.


  
Plusieurs générations de la famille PUY ont vécu à MERLI,en Espagne, petit village de l'Aragon, dans la province de Huesca. Leur maison est celle située le plus à gauche à flanc de côteau. Mémé Thérèse y est née le 29  décembre 1871, époque  où  l'Espagne, pays  pauvre et  reculé ne  pouvait assurer la subsistance de toute sa population.                                                                 
                                                                                                                                             
Quel était leur mode de vie?

   Précisons tout d'abord que les deux orthographes de leur patronyme LEYDA et LEÏDA sont équivalentes, et parfois  LEYDE  pour les  anciens du village ; elles dépendent  uniquement  de  la capacité  d'écriture de  l'agent  administratif  qui a saisi les documents en son temps.
  Dès leur  arrivée  à  PUICHÉRIC  vers  1900, Joseph  travailla dans la propriété  de monsieur  AGUZELLE, tandis  que mémé Thérèse participait aux  activités  quotidiennes  de  Calixtine  SOULIÉ, femme d'Édouard et mère de Roger, à  telle  enseigne  qu'elles  devinrent très vite des amies intimes qui s'aimaient profondément.
  Joseph   et   Thérèse   vivaient    au   rythme   du  soleil   et   des   saisons,  en  parfaite  harmonie   avec  leur  entourage.  Fort  estimés  de  tous, ils ne manquaient de rien. Toutefois, un peu de fantaisie aurait permis à Thérèse de s'épanouir davantage.
  Ils  vivaient  à  l'espagnole.  Lui,  toujours  seul  à  table  pendant  les  repas  et  mémé,  debout  à ses côtés, le servant fidèlement avant d'aller  manger,  seule,  à  la  cuisine.  À la fin du repas, Marie-Thérèse lui portait son paquet de tabac et le briquet à mèche d'amadou pour qu'il puisse fumer sa dernière cigarette de la journée.  Ensuite, il prononçait la  formule  rituelle :  " eil acabat "      ( j'ai fini ),  puis,  il  essuyait  son  couteau, prenait le gros réveil sur la cheminée  et montait  dans sa chambre vaquer  à ses occupations: racommoder ses chaussures ou quelques  cuirs  usagés. Jamais  un médecin n'est  venu les visiter ou  les soigner sur leur demande, seule, Marie-Thérèse était autorisée à lui limer les dents lorsqu'il avait très mal!
  Tous  les  déplacements  de la maison à  la vigne  se  faisaient à pied, nu  tête  malgré  le  soleil de plomb qui inondait Puichéric en été. Personne au  village  n'a  jamais  réussi  à  le   faire  monter  en  voiture  pour   lui  épargner de  la  peine.  Il   allait,   bon train  à  petits pas, quelles que soient les distances à parcourir, notamment  lorsqu'il  revenait du château de Roquecourbe après une journée de labeur harrassant. Cétait ainsi!
  Son fils Antoine et sa femme venaient de Toulouse où il résidaient, passer  quelques  semaines  de  vacances  à  Puichéric  avec  leur fille Marie-Thérèse qui,  pour  sa   part,  y   séjournait   deux  ou  trois  mois.  L'ambiance    n'était   pas  toujours  à   la sérénité,  car  Joseph   avait  horreur des mouches à l'intérieur de  la  maison, ce  qui le  poussait à fermer pratiquement  tous  les volets en plein jour et à chasser ces insectes indésirables à grands coups de large mouchoir à carreaux.
Au cours  de sa jeunesse, mémé Thérèse fut la nourrice des frères SARRAULT, dont l'un, Albert,  fut un temps ministre de la quatrième République juste avant la Deuxième Guerre mondiale, et de Pierre FABRE, futur chirurgien de grande renommée à Toulouse.
  Quelques années  avant  la disparition  de  Joseph, mes  arrière-grands-parents venaient passer plusieurs mois chez leur fils à Toulouse. Ainsi,  Joseph pouvait suivre des  procés  au tribunal, place des  Salins, puisque  son  fils, inspecteur  de police, lui procurait une place parmi le public. Sa  petite-fille  profitait de son  séjour   pour  lui  apprendre  des  rudiments  de  lecture,  car le  brave  homme ne  lisait et n'écrivait le français que très approximativement. En revanche, il savait compter et signer son nom très correctement.

Antoine LEYDA : né le 22 avril 1894 à Rieux-Minervois, mort à Toulouse, 165 Grand-rue Saint-Michel le 12 juillet 1946.

                                                                 
           

Antoine LEYDA en 1924  -  soldat en 1915 au 122ème Régiment d'infanterie. Médaille de VERDUN.

( à la fin du texte on remarque la signature de LEYDA Joseph )

Il  est  vraisemblable  que  l'enfance  et  l'adolescence  d'Antoine  se  déroulèrent  entre RIEUX et PUICHÉRIC, puisque Roger SOULIÉ avait entendu raconter par les vieux  du  village  que  mon grand-père aimait à se  masquer, notamment  pour  le  Carnaval lorsqu'il était enfant.

" La boue glorieuse des tranchées "

La période  la  plus  marquante  de  sa  vie  fut  sans  aucun  doute  celle  qui  correspond  à la  Première Guerre mondiale dont le point culminant des  souffrances  humaines s'identifie à la bataille de VERDUN. Il  avait eu le courage de se faire naturaliser Français pour servir son pays, contrairement à son demi-frère "lé chaléco" , en âge de combattre, qui préféra rester espagnol et jouir ainsi des bienfaits de l'arrière. Deux conceptions opposées du patriotisme et du sens du devoir pour le pays qui l'avait accueilli!
- 1914:  Antoine  LEYDA  est  incorporé  dans  les  rangs  du  122ème  Régiment  d'infanterie  qui, dès  le début  du  mois de septembre,  monte  à  la  frontière  belge et  participe à la première bataille de la Marne. 
- Dès le 21 février 1916, le  régiment  est engagé  dans  les  terribles  combats du secteur de VERDUN  au  cours  desquels  Antoine  eut  les  pieds gélés dans les tranchées de cette zone très meurtrière. Il est décoré de la Croix de guerre avec citation à l'ordre  de  la division et de la Médaille commémorative de VERDUN avant d'être évacué sur un hôpital de l'arrière.

Rappel sur VERDUN: Le 21 février, par un beau matin de gel dur et tranchant, et une température très froide, à 7h15 précises, douze cent canons allemands de tous calibres déclenchaient un infernal bombardement sur une zone de onze kilomètres entre Brabant et Ornes, sur la rive droite de la Meuse. Ainsi commençait l'une des plus sanglantes batailles de cette Grande Guerre.De 7h15 à 16 heures, un million d'obus s'abattaient sur la zone des combats.

- Pendant les quatre années de guerre il participera, toujours dans le même régiment, à la bataille d'YPRES durant laquelle il sera gazé.
- Blessé  à  nouveau  avant  la  fin  des  combats,  son  chef  décidera   de  l'hospitaliser  à  MENTON  puis  à  TOULOUSE. Antoine  était  un  de  ces  "piétons de l'Histoire"  dont la France a rapidement oublié le nom et les actes de courage au cours des deux guerres mondiales
- 1919: il rejoint les siens à PUICHÉRIC.
 "  On n'est jamais tout à fait un héros aux yeux d'un camarade.Ou seulement plus tard.Trop tard..."  Roland DORGELÈS.

                                                                                                                                                                
    

Antoine LEYDA est parti à la Guerre le 2 août 1914 avec cet uniforme qui n'avait pas changé depuis le milieu du XIXe siècle.


 La "Voie Sacrée".

   La mauvaise route reliant Verdun à Bar-le-Duc eut une importance cruciale pendant toute le bataille de Verdun, d'où son nom de "Voie Sacrée" chantée par Maurice Barrès sur laquelle  transitaient  chaque  semaine : 90 000 hommes et plus de 50 000 tonnes de munitions. Elle était remblayée jour et nuit par des territoriaux.Tout véhicule tombé en panne était jeté au fossé pour ne pas interrompre le flux continu des camions transportant hommes et matériels.C'est à partir de la nomination du général PÉTAIN à la tête de la IIe armée de Verdun que la résistance française s'intensifia jour après jour,grâce aux renforts acheminés par cette route unique que les artilleurs allemands bombardèrent  pendant plusieurs semaines .


 Durant la terrible bataille de VERDUN qui dura de février à octobre1916 , Antoine LEYDA eut les pieds gelés dans la boue des tranchées comme des milliers d'autres "Poilus".IL est ici soigné dans un hôpital militaire à l'arrière des lignes. Il rejoindra son régiment à l'issue de sa convalescence et combattra dans ses rangs , jusqu'à l'armistice en novembre 1918.

  " Ce que nous avons fait, c'est plus qu'on ne pouvait demander à des hommes, et nous l'avons fait."  Maurice GENEVOIX

   Le 11 novembre 1918 à 16 heures, Georges CLÉMENCEAU, alors président du Conseil doit lire à la Chambre le texte de l'armistice.
Presque chancelant -il a 77ans- sous les rafales d'applaudissements, il monte à la tribune.Il lit les clauses de l'armistice, haché par les applaudissements des députés debout.Il ajoute quelques phrases hugoliennes, et puis il lance la formule célèbre:"Grâce à eux, la France, hier soldat de Dieu, aujourd'hui soldat du Droit, sera toujours le soldat de l'Idéal!"
   À cet instant, CLÈMENCEAU est la France, puissante, glorieuse, unanime, irréprochable. Telle qu'elle ne sera jamais plus dans son histoire. Jamais plus.
Si j'ai souvent émis des réserves sur le caractère de l'homme au regard de ses emportements, j'ai toujours admiré son courage politique sans concessions. Pour ce bougre d'homme, la République n'était pas négociable.

Antoine et Antoinette LEYDA



Antoinette et Antoine LEYDA parents de Marie-Thérèse - vers 1930.



   À cette époque, il fait la connaissance d'Antoinette VIALELLE  native  de  LAURE-MINERVOIS,  petit  village situé à 6 km au nord de PUICHÉRIC.
Il  se  marie dans ce même village le 31 mai 1919. Dès  cet  instant, il  devient  régisseur  à  PUICHÉRIC  de  la  propriété de madame SERVAGE,  mère   de   Marc  SERVAGE,  le "supposé milicien" qui ,  à  la  Libération  en  1944,  dut  affronter  la vindicte   populaire de certains hommes, étrangers au village.
- 29  novembre 1920:  naissance de leur fille unique: Marie-Thérèse  qui  deviendra le 28  novembre  1942  l'épouse  d'Yvan FLUHR et la mère de Marie-Claude, Jean et Geneviève.
La mésentente avec madame SERVAGE provoque en octobre 1921 le départ  de  la famille pour TOULOUSE où Antoine est embauché chez un ébéniste, car il était menuisier de formation. Il travaillait le bois avec un réel plaisir.
Les LEYDA habitent succéssivement:
-12  rue  Montplaisir  à  côté  des  allées  Frédéric  Mistral,  puis  rue  Caussade  en  1922 et enfin 110 Grande rue Saint-Michel, quartier qui sera le berceau de notre famille jusqu'à 1989, date à laquelle Marie-Thérèse déménagera au 276 avenue de Muret.                            
 - 1923: tonton Toussaint et tante Georgette passent leur voyage de noces à Toulouse chez Antoine et Antoinette LEYDA.

               
Famille MAURY de Carcassonne vers 1934: Toussaint, Jean et tante Georgette. La voiture est une MATHIS 1930, modèle EMY6 à carrosserie Weymann.


 
Au centre Toussaint MAURY et à sa gauche sa femme  Georgette , soeur d'Antoinette LEYDA.
   Tonton  Toussaint,  conteur  de talent  était un  joyeux drille dont les histoires , racontées  avec  force détails  passionnaient toute la   famille pendant de  longs moments, même si  l'assistance  au grand  complet  connaissait  son  thème depuis  bien   des années . Qu'importe ! sa jovialité faisait le reste et tout le monde applaudissait à la  chute  de sa  narration. Après   ce   morceau  de  bravoure, à  l'issue  du  repas, il  montait  au  grenier  faire une  sieste  réparatrice  dans  un  vieux  lit en  fer, dont  la  paillasse  garnie  de  feuilles   de  maïs  séchées  depuis  des  lustres,  faisait  un   bruit  d'enfer  à  chaque mouvement  du  tonton  et  ce,  agrémenté à souhait  de   ronflements    post-digestifs. À  PUICÉHRIC, les  réunions de famille au mois d'août se déroulaient ainsi!

  Entre 1923 et 1924, Antoine travaille à la Poudrerie nationale, avenue de Lombez.
  En 1924,  Antoine  intègre  les  rangs  de  la Police nationale grâce à  l'intervention  de  madame  JOUGLA-BARBAZA,  soeur  de lait des frères Albert  et  Maurice  SARRAULT  dont  mémé  Thérèse  avait  été  la  jeune   nourrice  et  qui  furent par  la suite,  directeurs de  la "Dépêche du Midi" et ministres entre les deux guerres mondiales.
Durant ces années,  Antoinette que nous appelions tous "mémé kiki" travaillait comme couturière à domicile dans leur belle chartreuse.
Autodidacte et très cultivé, Antoine a poursuivi  une belle  carrière  dans   la   Police   judiciaire:  inspecteur,  puis  inspecteur  principal au Commissariat central de TOULOUSE. Enfin, en 1938, chef du service des Étrangers jusqu'à sa mort en 1946.
Vers 1930, mémé kiki vend des légumes sur la place Saint-Michel à l'aide d'une jardinière à roues que lui avait fabriqué son mari.
- 1934:  les  LEYDA  achètent  une  épicerie  rue  Saint-Michel,  juste  à  côté de la chartreuse. Ils la conserveront jusqu'en 1938, date à laquelle Antoine devient inspecteur principal à la PJ.
- Pendant  la  guerre, de  1940 à 1942,  mémé  kiki  travaille  comme  culottière  chez le  maître - tailleur de la  caserne Niel  au quartier  Saint-Agne. Puis, de la Libération à 1948, elle reprend du service chez monsieur Laufer.
- En   avril   1938,   la   famille   aménage  au  165   Grande   rue  Saint - Michel.  Antoine  y   mourra   le  12  juillet  1946  d'une   crise  d'angine  de  poitrine. Les  cruelles  jalousies  de  certains résistants de "la dernière heure", à  l'égard  de  cet  homme   intègre   ne   sont certainement   pas  étrangères  à   son  décés  prématuré  à   52 ans.  Marie-Thérèse  vivra   dans   cet  appartement  avec  Yvan,   mémé  Thérèse  et  les  trois enfants.   Elle  déménagera  en  1989 au 276 Avenue de Muret dans un appartement très coquet, sur  les bords  de  la Garonne, acheté  dans les années soixante/soixante-dix à Jean et Marie-Louise SAVIGNOL, cousine de mémé Thérèse.


 
PUICHÉRIC, en face chez les SOULIÉ : Marie-Thérèse et sa grand-mère mémé Thérèse à l'été 1932.

Chez Toussaint à Carcassonne : rassemblement de cousins vers 1936.
(1er rang :Joseph Pinel dit "gégé",Jean Maury, tricot rayé, à sa gauche Nénette, derrière eux: Lucienne au milieu)

  

 Puichéric, 1940 devant chez Rose PARASSE :Marie-Thérèse LEYDA, mémé Thérèse sa grand-mère paternelle, Antoinette et Antoine LEYDA ses parents.

 Élisa PARASSE et mémé Thérèse vers 1940. La rue devant la Rigole n'était pas encore goudronnée.


 

                            PUICHÉRIC: Antoine LEYDA retour de pêche  "au coude de l'Aude" .                Toulouse 1942: Antoine LEYDA sur les Boulevards.

                 

 

 Toulouse, pendant la Guerre vers 1943: Toussaint MAURY et Yvan FLUHR.

 

 Marie-Thérèse devant chez SOULIÉ en 1943 ou 1944.

1948 : Nénette  ma  marraine  ( nièce de mémé kiki ) , Antoinette  LEYDA ( mémé kiki ) , Yvan  FLUHR,  Lucette  et   Jean  MAURY,  photographiés  au Parc toulousain.Jean  MAURY  fils  de  Toussaint  et  Georgette  était  le  type  même  du  cousin  très  agréable  dont  on  retrouve  les  caractéristiques chez  ses  deux  fils: Michel et  Jean-Luc. Nous  avions  pour  tradition  familiale  de  nous  retrouver  tous  les  ans, au mois d'août à PUICHÉRIC, pendant une journée au cours de laquelle le bonheur chantait dans la maison.

                                                                                               
Montredon vers 1950: les cousines au mariage de Jean et Lucette MAURY: "X", Marie-Jeanne dite Nénette, tante Georgette, Marie-Thérèse et Lucette.


   Avant  de poursuivre mon histoire, je souhaiterais donner quelques informations sur la famille VIALELLE et plus particulièrement sur Philippe et Rose qui furent des grands-parents profondément aimés de leurs petits-enfants, notamment de Marie-Thérèse et de sa cousine Lucette.Elles passaient à FLOURE de merveilleuses vacances entourées de l'affection de Philippe et Rose.Et, depuis cette période heureuse jusquà la mort de Lucette, elles n'ont eu de cesse d'évoquer l'indicible bonheur qu'elles vécurent à FLOURE.
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                   FLOURE ( Aude ):Grands-parents maternels de Marie-Thérèse LEYDA.                  Philippe VIALELLE: né à Magrin ( 81) marié à SOUAL (81) à Rosalie PUGINIER .
                                                                                                                                                   Veuf en 1937, Philippe a vécu au Pont Rouge chez Nénette jusqu'à son décés en1940.       
Philippe VIALELLE (1868-1940) ,sa femme Rosalie PUGINIER (1871-1937) et                    Il est enterré à Carcassonne au cimetière St Vincent situé derrière la gare, tombe n° 74. Philippe et
leur plus jeune fils Louis. Rosalie PUGINIER  est morte des suites de la blessure                   Rosalie étaient les parents de: Marie (1890-1927) mère de Titi et Joseph- Antoinette (1895-1968)
qu'elle s'était faite avec un couteau lorsqu'elle  préparait les chairs d'un cochon ,                  mariée à Antoine LEYDA-Augustine femme de Jules PINEL- Georgette (1899-1976) femme de 
blessure agravée par un diabète très prononcé.                                                                   Toussaint MAURY- Auguste mort en 1931 et enterré à FLOURE à côté de sa mère- Louis (1906-1990). 


Dans cette tombe située à Floure (Aude) et entretenue depuis plusieurs dizaines d'années par Lucette et Guy HUBERT, repose mon arrière-grand-mère maternelle: Rosalie VIALELLE.

Cette femme affable et d'une extrême gentillesse mettait un point d'honneur à accueillir quiconque se présentait à sa porte. À telle enseigne que la famille VIALELLE faisait pratiquement table ouverte malgré le peu de moyens matériels dont elle disposait.

À Floure, Philippe avait pour mission de s'occuper de l'alimentation et à l'entretien des huit chevaux de la propriété de monsieur PERRIERE, afin que ces animaux soient toujours aptes aux travaux des champs, effectués par d'autres ouvriers.

Mangeant de bon appétit, Philippe avait l'habitude de terminer son repas par une rasade de vin qu'il buvait au "pourou": sorte de carafe en verre transparent, équipée d'un long bec conique qui permettait de laisser passer un mince filet de breuvage lorsque le buveur l'élevait à hauteur de son visage. En d'autres termes, il buvait à la régalade.

Rosalie étant morte en 1937, Pilippe vint vivre à Toulouse chez sa fille Antoinette qui possédait alors un magasin d'alimentation rue Saint-Michel. Il éprouvait un réel plaisir à servir les clients notamment en vin, car cette activité lui rappelait la vigne et la région dans laquelle il avait été heureux. Par ailleurs, tous les après-midi, il allait travailler  le jardin que mes grands-parents avaient acheté route d'Espagne à la sortie sud de la ville.

Lorsque mes grands-parents eurent vendu leur épicerie, Philippe fut accueilli au Pont Rouge, prés de Carcassonne, par Nénette PINEL sa petite-fille, chez laquelle il mourrut en 1940.



Montredon 1961.Traditionnellement, Louis VIALELLE frère de mémé Kiki venait passer quelques jours de vacances chez sa soeur Georgette à Carcassonne.
Il participe ici aux vendanges chez les grands-parents maternels de Michel et Jean-Luc MAURY, au centre sur la photo.


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