JEAN FLUHR
AUJOURD'HUI ET DEMAIN (2008-2009)
Jeudi 22 mai 2008.La France est paralysée par de nombreuses grèves dont les conséquences se mesurent en termes de pertes économiques et d'encombrement du réseau routier, à tel point que je mets près d'une heure pour traverser Baillargues, au départ de ce qui devait être un voyage d'agrément, puisque ce jour-là, je conduis pour la première fois vers PUICHÉRIC la "MG", cabriolet anglais de 1968 que j'ai acheté en avril 2006 à Roger Jeannet, puis restauré pendant un an. Mon arrivée devant chez Jean-Pierre attira Maryse, Nicole et Roger qui attendaient avec impatience le bruit si caractéristique de la "MG". Petit café de remise en forme, échange de nouvelles de nos familles respectives, puis départ pour le "pèlerinage" dans le village. Par tradition, habitude ou passion discrète, je fais le tour de mon quartier en commençant par une halte à l'ATELIER où les senteurs des bois travaillés par des mains expertes exhalent dans cette bâtisse des nuages des souvenirs épars qui se lançent à la poursuite de la mémoire.
PUICHÉRIC: jeudi 20 avril 2006 : Nicole et Roger JEANNET sortent la MG que je viens d'acquérir. Jean-Pierre SOULIÉ est à la manoeuvre.
Départ de Baillargues - Jean, mai 2008.
Tout naturellement, mes pas me conduisent vers la "Maisonnette" avant de suivre, à droite, le chemin recouvrant le traçé de l'ancienne voie ferrée sur laquelle circulait la locomotive à vapeur qui reliait Caune minervois à Moux deux fois par jour. Au carrefour de la rue des masques, passage obligé devant le domicile des Vitalis ( belle-famille GARETTA ) avant de me laisser glisser vers le pont de la Serre, où je m'attarde volontairement un instant pour regarder sans lassitude le cours paisible de la Rigole et attendre patiemment qu'une personne de l'âge de mes parents, me reconnaissant, demande des nouvelles de ma mère. Raymonde VITALIS est une de celles qui agrémente mes itinéraires dans le village. Son accent roule les "r" avec ce charme indéfinissable si caractéristique des gens du cru. "Bonjour mon général, et diro qué l'eï counut si pitchou!".
Puis, à pas lents, longeant la Rigole en flânant à l'ombre des saules à gauche du pont, j'arrive au nouveau cimetière où reposent mes arrière-grands-parents et grands-parents maternels depuis le décés de mémé Thérèse en mai 1963.
Je traverse le village sous un soleil de plomb pour atteindre la vieille maison de Roger SOULIÉ et de sa fille Marie-Christine que nous appelons tous "Kéké" depuis son plus jeune âge. C'est une halte quasiment obligatoire, car je souhaite retrouver un instant cet homme, mon inspirateur, aujourd'hui âgé de 95 ans - né le 19 février 1913 - qui garde une mémoire phénoménale, lui permettant de raconter en termes très imagés, mêlant français et patois des histoires vécues par des habitants du lieu et ce, quelle que soit la période de son déroulement pourvu qu'elle ait un caractère intéressant.
Retour chez Jean-Pierre et Maryse pour un repas des plus convivial au cours duquel sont évoquées avec Roger JEANNET invité de toujours, les conséquences liées à la crise viticole qui, depuis des années "plombe" la vie économique de cette région jusqu'à pousser certains exploitants à la survie, mode d'existence nécessaire mais non souhaité, pour pouvoir conserver le bien qu'ils ont reçu de leur père.
Après un dernier tour de quartier, je rejoins Baillargues. Deux heures de route plus tard, je constate que la circulation sur autoroute en cabriolet revêt l'aspect d'un monde extrêmement bruyant au sein duquel on vit constamment en ambiance d'insécurité, tant la densité des poids lourds dont la hauteur des roues dépasse celle de mes portières me paraît dangereuse.
Roger SOULIÉ devant l'atelier en juin 2000
Roger SOULIÉ à l'Atelier le 20 septembre 2005
Jeudi 10 juillet 2008 : ma visite avait un double but : repeindre la tombe de mes grands-parents et revoir les SOULIÉ et PUICHÉRIC ce qui est pour moi, une constante lourde de ma vie. Bien sûr!
À mon arrivée, vers 9 heures, Maryse m'accueille, souriante comme toujours. "Alors Jean, tu as fait bon voyage? Viens prendre un café car ton petit déjeuner doit être un peu loin depuis ce matin"
Àprès avoir évoqué les nouvelles de chacun, je vais au cimetère afin de peindre la tombe de mes grands-parents. En fait, je décide de ne peindre que la pierre tombale verticale placée à la tête de la sépulture, car une bordure blanche jurerait avec les tombes qui jouxtent la nôtre. Deux heures plus tard, le travail était terminé, je pouvais donc aller rendre visite à Roger SOULIÉ qui m'attendait comme le messie.
Dans cette tombe, située tout de suite à droite de la porte d'entrée du nouveau cimetière, reposent : Joseph et Thérèse LEYDA ( née Puy ) mes arrière grands-parents maternels - Antoine et Antoinette LEYDA ( née VIALELLE ), grands-parents maternels.
"Ah, te voilà! Je pensais que tu serais venu hier, enfin, "fa pa rès". Et pendant prés d'une demi-heure il me parla de sa santé dont les dernières interventions chirurgicales au niveau des reins ne semblent pas l'avoir altérée tant sa vigueur est surprenante.
Jean-pierre qui devait finir de traiter une vigne arriva vers 13 heures pour animer un repas toujours très convivial dont le menu, concocté par Maryse était d'une grande saveur pour tous les plats.
Roger JEANNET fit son apparition vers 14 heures pour déguster son petit café avec nous dans le plus pur esprit de la famille. Puis comme à l'accoutumée, Jean-Pierre est allé chercher son père pour qu'il puisse passer quelques heures à l'atelier où nous avons pu raconter encore quelques savoureuses histoires sur les gens de Puichéric . Que de rires encore une fois! J'avais mon content de joies et de bonheur, je pouvais donc rentrer sur Baillargues.
Françoise et Jean FLUHR - Jean-Pierre et Maryse SOULIÉ
Ma mère avait passé quelques jours chez nous, à Baillargues, afin de changer d'environnement et pouvoir ainsi se reposer après les différents ennuis qu'elle avait subis à la suite du terrible orage qui summergea Toulouse au mois de mai. À notre arrivée à Puichéric, nous sommes allés au cimetière pour déposer quelques fleurs sur la tombe de nos grands-parents et sur celle des SOULIÉ, car de tout temps, maman ne conçoit pas de passer dans son village natal sans se recueillir devant la mémoire de ceux qui lui sont particulièrement chers. Jean-pierre et Maryse nous attendaient pour déjeuner en présence de Paul leur unique petit-fils de Roger et Marie-Christine, ce qui laissait présager un repas haut en couleurs. C'est rien de le dire, car d'entrée notre bon conteur attaqua par une de ses histoires dont il détient le secret absolu. A partir de cet instant, il fut difficile de déguster l'excellente paëlla de Maryse tant les rires communicatifs barraient la route à la moindre cuillerée. Et Jean-Pierre de rire comme il n'a pas souvent l'occasion de le faire, eu égard aux soucis quotidiens liés à la crise de la viticulture qui perdure dans nos contrées, sans qu'une once d'espoir ne vienne éclairer son horizon. Et le patois se mêlant au français, personne autour de la table n'échappa aux fous-rires, lesquels n'épargnèrent même pas le petit Paul, sensible lui aussi à notre joie. Quel bonheur d'être ensemble!
Roger SOULIÉ ( 95 ans ) et Marie-Thérèse FLUHR ( 88 ans, née LEYDA ) à Puichéric , chez Jean-Pierre et Maryse en juillet 2008.
Puichéric, juillet 2008: Jean-Pierre, Roger, Marie-Thérèse, Marie-Christine, Paul, Maryse et Françoise. Jean prend la photo.
Marie-Thérèse le 12/10/2003 devant la vigne de nos grands-parents, au "Roc de Brau" à la Valsèque.
Maman et Jean au "Roc de Brau".Ce chemin pentu et caillouteux rejoignant la route du Canal à la Redorte, Joseph l'a monté tous les jours,une lourde pierre à l'épaule pour renforcer le remblai qui soutenait la terrasse de la vigne. De l'autre main il tenait le pigassou: outil à tout faire pour le travail de la terre.
Notre "vigne" d'une surface de 9,64 ares est située au lieu-dit "le Roc de Brau" à la côte "97" à 1200 mètres au nord du clôcher de PUICHÉRIC.
Puichéric, le 12 octobre 2003. Maman devant la tombe de nos grands-parents.
Chargés de souvenirs nous avons repris la route vers Toulouse, après maintes embrassades destinées à cacher notre émotion créée par ce départ. À l'entrée de la ville rose les rires fusaient encore!
Roger, Yvan, Raymonde et Marie-Thérèse à La Nouvelle vers 1950.
Du 18 au 22 septembre 2008 : séjour traditionnel chez Maryse et Jean-Pierre SOULIÉ.
Le jeudi 18 septembre, Françoise et moi arrivons tranquillement vers 18 heures, accueillis par Maryse et Marie-Chritine, flanquées toutes deux de "Nacre" le labrador de la famille. Soirée sympathique comme à l'accoutumée en présence de Jean-Pierre retenu sur un chantier à l'extérieur. Quel bonheur de dormir chez eux et d'être réveillés par le chant des oiseaux qui résonne entre les murs de la rue Traversière!
Le vendredi matin, pendant que Maryse et Françoise vaquent à leurs occupations respectives, je vais respirer l'air du "Coude" lieu connu de tous que délimite une anse de l'Aude à l'ouest du village et où les limons du fleuve ont produit des terres riches, propices à l'exploitation de vignes magnifiques.
Au cours du repas de midi, Daniel le frère de Maryse, maire par intérim de VILLARDONNEL après le drame qui a endeuillé le village, nous a fait part de ses tourments quant à la situation des quelques 500 âmes dont il avait la charge, face à la campagne de calomnies dont il était la cible depuis plusieurs semaines. À l'issue nous sommes partis pour Villeneuve -Minervois où nous avons rejoint l'oliveraie du père de Charles MAUX, gendre des SOULIÉ, après une marche agréable d'un petit kilomètre. Belle étendue de 12 hectares au centre de laquelle une variété d'animaux de la ferme s'égayaient autour d'un charmant petit châlet construit par le propriétaire des lieux.
Retour à PUICHÉRIC après avoir acheté deux bocaux de câpres à ce brave homme et récupéré pour Maryse environ 200 escargots qu'il lui avait gentiment offert. À notre arrivée, je suis allé à l'atelier, car je savais que Roger venait y travailler à son rythme, tous les après-midi pour bricoler quelques pièces de bois que lui commandaient des personnes de son entourage. Et la séance de rires débridés commença!
Roger attendait ma venue comme celle du Messie, car cela lui permet à chacune de mes visites de raconter quelques histoires savoureuses relatives aux temps anciens, sachant que j'en suis particulièrement friand. Et nous voilà partis, en riant , derrière les exploits de la mère TOUSTOU qui devait se lever la nuit, toutes les trois heures pour faire des cataplasmes aux testicules de son mulet sur les recommandations du médecin local. Un poème! Le patois matiné d'accent parisien faisant tout le charme de cette histoire racontée à merveille par notre homme.
Et que dire de la représentation théâtrale, jouée pendant la guerre pour distraire la population au cours de laquelle un acteur amateur, Marcel TEISSEIRE plaisantin bien connu, crut intéressant d'interpréter devant un parterre de femmes de notables installées au premier rang: " Le voleur de prunes", une chanson grivoise au cours de laquelle le brave homme tombait son pantalon en se retournant pour montrer "la lune" car ce doux vocable faisait la rime avec prune. Sous les cris étouffés de la gent féminine, il s'échappa en coulisse, puis revint pour finir sa chanson dont les dernières paroles indiquaient à tout l'auditoire qu'il fallait s'attendre à voir " la queue de la comète". Ce qu'il fit sans autre forme de procés sous les huées du club féminin , offusqué de tant de libertinage. Les allemands présents dans la salle ne purent arrêter de sitôt leurs rires tonitruants. Et le spectacle prit fin, agrémenté de commentaires divers et variés.
Le lendemain, samedi, Françoise et moi sommes allés manger chez nos cousins de CAVANAC, Élisabeth et Michel MAURY qui, pour l'occasion avaient invité le couple de leurs aînés accompagnés de leur petite fille Juliette de 4 ans. Agréable rencontre au cours de laquelle les souvenirs plaisants refont toujours surface tant nos grands-parents étaient pour nous de délicieux personnages.
Le dimanche matin, je n'ai pu résister au plaisir d'aller marcher dans la plaine située juste au nord du Canal, à travers les oliviers de Roger JEANNET le long desquels , STAN, notre épagneul breton ne se lasse jamais de gambader à perdre haleine. L'après-midi , avec Jean-Pierre seul, car Maryse gardait Paul leur petit-fils, nous avons visité l'abbaye de FONTFROIDE, magnifique édifice construit au tout début du Moyen Âge par une congrégation de moines cisterciens et située au coeur d'une forêt de 900 hectares. Après le repas du soir, j'ai présenté à Paul une série de tours de magie qui l'ont enchanté tant et si bien que lorsque ses parents sont venus le récupérer, il n'a pu faire autrement que de les leur présenter avec tout le sérieux d'un prestidigitateur. Magnifique soirée en famille.
Le lundi matin fut consacré à une promenade à travers les oliviers de Roger JEANNET - je ne m'en lasse vraiment pas - merveilleux havre de paix où les senteurs du matin se mêlent délicieusement aux couleurs de l'automne, sans que rien ni personne ne vienne troubler le calme de la vallée qui s'étend, paisible et majestueuse, au pied de la ligne de crête qui retient prisonnière la vigne de mon papet. À conseiller aux amoureux de la nature. Mais, surtout, qu'ils ne viennent pas trop nombreux!
De retour dans mon quartier, j'ai eu la bonne idée d'aller pêcher à la Rigole. Ce ne fut pas un festival poissonneux qui fera date dans la mémoire des pêcheurs puichéricois, mais tout de même...Après deux ablettes et trois gardons, un terrible animal animé des plus mauvaises intentions m'a cassé la ligne après une minute de lutte à laquelle Françoise a failli assister. Dommage, ce poisson nage encore!
L'aprés-midi nous avons visité tous ensemble l'exposition de photos anciennes que la mairie avait organisée au profit des gens du village, afin qu'ils puissent revoir les différents témoignages des temps anciens. Réussite assurée, d'autant que trônait parmi les photos celle que j'avais envoyée et où figuraient Élisa et mémé Thérèse.
Le retour sur Baillargues se fit sans histoire, mais avec encore de merveilleux souvenirs à mettre au compte de l'amitié de nos deux familles. À moins qu'elles ne fassent qu'une...
Mercredi 11 février 2009
Samedi 25 avril 2009 : tombe de la famille SOULIÉ, le jour des obsèques de Roger.
Cette journée de printemps, aussi triste qu'un soir d'hiver voyait disparaître un monde ancien à l'horizon de ma mémoire. Je sais depuis ma plus tendre enfance que nul Ici-bas ne peut échapper à l'heure dernière...mais il aurait pu attendre un peu! Roger SOULIÉ s'est éteint à Puichéric le jeudi 23 avril 2009 vers 19 heures, dans la maison de Jean-Pierre, en présence de ce dernier et de Maryse qui l'avait assisté jusqu'à ses derniers instants. Il est mort apaisé, au milieu des siens, entouré comme il le fut toute sa vie.
Françoise et moi étions présents pour soutenir Jean-Pierre dans la plus pure tradition de nos familles lui apportant ainsi, soutien et affection à cette heure particulièrement douloureuse pour lui et ses proches. Très ému, Jean-Pierre méditait dans un profond silence, à côté du cercueil de son père posé dans le bureau, revoyant dans le "bousculement" de ses pensées éparses les moments d'une vie qu'un Être supprême venait d'interrompre à tout jamais.Fragilité de l'existence!
"Tiens! Tu l'as là me dit-il .Ce qui voulait dire en clair: c'est fini!"
Derrière le fourgon mortuaire suivi par la famille et le long cortège des amis, nous marchions lentement, traversant en silence le village écrasé par un ciel de cendres si pesant qu'il traduisait la tristesse de tous. Arrivés au bas de la rampe de l'église dans laquelle je n'avais pas assisté à un office depuis la mort de mémé Thérèse en mai 1963, nous fûmes accueillis par le vieux prêtre pour lequel Roger avait effectué différents travaux. Devant une assistance très nombreuse et recueillie, j'ai prononcé l'éloge funèbre de mon ami, m'appuyant parfois sur mon texte, car je savais que les derniers mots seraient difficiles à prononcer. La violence de l'émotion qui m'a envahi à cet instant m'a replongé dans un passé vieux de trente cinq ans, lorsque j'avais essayé, l'espace de quelques secondes de maîtriser les soubresauts intérieurs de ma peine au décés de mon père.
Le repas de famille, toujours chaleureux autour d'un cassoulet-maison a permis de détendre l'atmosphère quelque peu tendue depuis plusieurs jours. Parlant de notre dernière heure avec Jean-Pierre, sans tristesse aucune et lui faisant part de ma volonté d'être enterré sur la tombe de mes grands-parents, à la condition d'obtenir l'autorisation de construction d'un caveau en marbre posé sur une dalle, mon ami d'enfance me fit la proposition suivante:" Tu viendras avec moi, nous serons à côté." La spontanéité du propos m'est apparue comme un acte d'amitié profonde à laquelle je fus particulièrement sensible. Je joins à la narration des évènements tristes de cette journée d'adieu le texte de l'éloge funèbre que j'ai prononcé à la mémoire de Roger.
Cette nuit, je voudrais ne parler à personne, qu'à moi-même. Feuilleter, les yeux mi-clos, mon beau livre d'images, et, comme on crible le grain, rassembler en deux parts mes joies et mes chagrins. Ce sont mes meilleurs moments, ceux que je passe ainsi, penché sur mes souvenirs. je presse chacun d'eux jusqu'à la dernière goutte. Tant pis si, quelquefois, celle-ci me mouille les lèvres, un peu salée...
Éloge funèbre de Roger SOULIÉ à Puichéric, le samedi 24 avril 2009.
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Au nom de tous les gosses du quartier du Pont de la Serre, dont il fut l'inspirateur chaleureux des moments heureux et de leur bonheur d'enfants au cours des décennies 1950-1960, j'ai l'honneur et le triste devoir de rendre un dernier hommage à notre ami Roger SOULIÉ.
D'aucuns pourraient écrire un bel ouvrage concernant Roger tant sa très longue vie, son rayonnement au sein du village et auprès de nos familles suscitait l'adhésion voire un amour discret que nous cultivions mutuellement et qui est encore aujourd'hui une constante de notre existence.
Sa culture très éclectique concernant les hommes, la nature et les choses qui l'entouraient, en faisait un compagnon fort attachant à plus d'un titre.
Disciple raisonné de la doctrine d'Épicure , il a su savourer la vie et en tirer toute la quintessence dans le cadre de sa famille, du cercle des amis restés fidèles jusqu'à l'heure dernière, mais également dans son métier car, ses mains expertes ont façonné pendant plus de cinquante ans, la plupart des meubles et des huisseries des plus vieilles demeures de Puichéric. Il avait conscience de servir son art, tout simplement.
Passionné par la grande Histoire de France, il n'avait pas son pareil pour décrire avec force détails, la croisade des Albigeois en Languedoc, l'incendie du château de Puichéric par le Prince noir ou la vie trépidante de Georges Clémenceau, le tout agrémenté de quelques anecdotes savoureuses dont il détenait seul le secret.
En outre, ce conteur délicat possédait le don très particulier de transformer par sa truculence et un subtil humour d'à propos, la narration d'un événement tout à fait banal en contes et légendes de notre village. La richesse de son vocabulaire alliée à la pratique du patois local donnait à l'ensemble une note de gaité et ce, quelle que soit la gravité des faits qu'il relatait. Les soirs d'été, sur le fameux banc de Rose Parasse, les voisins réunis l'écoutaient avec un intérêt grandissant, raconter les histoires pagnolesques de la journée finissante.
Lors des rendez-vous quotidiens à l'atelier : lieu mythique où naissaient et se mêlaient les amitiés durables, la variété de son imagination générait chez nous, les gosses, quelques idées pittoresques chargées de gloire future qui nous permettaient de mettre en pratique une partie de notre cortège de bêtises que nous portions tous les jours en bandoulière et que nous déversions à l'envi, entre le pont de la Serre, l'atelier et la maisonnette au grand dam de nos grands-mères.
Aujourd'hui, à l'annonce du décés de cette grande figure, nous avons senti entre deux sanglots discrets trembler le coeur de Puichéric, lorsque les hommes de ce pays, rudes et parfois rétifs aux brusques changements du monde ont entendu la voix sourde « des vignes éternelles » déferlant depuis le Roc de Brau jusqu'à la plaine du Coude chanter sa triste complainte : « le vieux chêne vient de tomber ».
À croire que la Providence, supprême sagesse du géomètre de l'Univers, n'épargne plus les symboles, même les plus authentiques de notre vieux pays pétri d'histoire.
Alors, à l'heure où le destin d'un être cher bascule dans le néant ,rejoignant ainsi les abîmes du temps, nous ressentons tous, malgré nos forces morales et nos croyances dans un Au-delà dit meilleur qu'Ici-bas, un profond sentiment d'impuissance mêlé à une once de révolte que rien ni personne ne peut dissiper.
À l'instant présent, nous sommes conscients que nul mot autre que celui d'amitié n'est en mesure d'atténuer la peine et le chagrin qui vous étreignent douloureusement.
Néanmoins, nous souhaitons ardemment que les bienfaits des liens qui nous unissent à la famille SOULIÉ depuis plusieurs générations, soient les témoins discrets mais forts présents de son apaisement.
En nous inclinant une dernière fois avec respect et émotion devant la mémoire de Roger SOULIÉ, nous prions ses enfants et ses proches de trouver ici le témoignage ému de notre peine profonde.
Adieu ROGER
Adieu mon ami
Réflexion d'un jour pas comme les autres où la peine m'étreignit si fort lorsque j'ai franchi le seuil du cimetière!
Je me suis toujours dit que le plus dur, dans la mort, c'était la solitude. On s'en va et tout le monde reste. De surcroît, on ignore où l'on va. Et les gens qui restent ne le savent pas non plus.C'est un adieu sur un quai de gare.On est seul dans un train vide dont la destination n'est indiquée nulle part. Ni le wagon, ni le billet.On a conscience que les personnes à qui on fait un petit geste d'au revoir et qui font de même, nous rejoindrons un jour ou l'autre dans cet endroit dont aucun de nous ne connaît le nom et l'emplacement, qui n'existe peut-être pas, mais elles ne semblent pas pressées de le faire. Par divers subterfuges, elles retarderont au maximum le moment de nos retrouvailles. La plus grande communauté humaine est celle des morts, les vivants étant sur Terre une espèce en perpétuelle voie de disparition. Il n'y a aucune morale à en tirer, il faut ne pas faire de morale. Pour ma part, je considère que chacun est libre d'organiser à sa guise sa propre éternité.
Dans ce petit jardin des morts où reposent les miens, j'éprouve à chaque visite le même sentiment d'impuissance et de révolte, car si je me souviens des visages de ceux que j'ai jadis connus, le son de leur voix a complètement disparu de ma mémoire. Au pied de leur tombe, mon regard voudrait se perdre vers le nord en direction de la vigne en terrasse de Joseph, mais les grands arbres du cimetière font barrage à ce désir pétri de nostalgie et d'une once de romantisme.
Ici, à l'abri des cyprès, dans un calme d'autant plus enivrant que le vent alentour courbe les herbes et les arbres, il y a quelque chose d'impérissable. Quelque chose comme le fruit du cyprès, ou sa fleur, cette boule amère et dédaignée qu'il murit lentement comme une pensée.
Le cyprès est un arbre strict, réfractaire ou discipliné, suivant l'humeur, s'isolant en ermite au sommet de sa propre colonne ou s'alignant en sombres communautés qui ont la rigueur des ordres monastiques. Il livre, ici et là, un mystérieux combat contre le vent qui passe et affirme, pour qui sait le voir, son extraordinaire victoire qui s'exprime dans le refus de se courber. Les autres espèces disent le vent dominant, où penche leur tête. Lui se veut droit, ne se veut que droit, tend toutes ses forces vers cette droiture et cette rigueur, ne livrant de son épuisant effort qu'une pensée recuite, rabougrie, en forme de boules écailleuses, qui ont l'odeur amère des choses mortes.Dans ma vie, j'ai eu à plusieurs reprises à m'identifier à ce rebelle d'un genre particulier!
Mercredi 24 juin 2009
Malgré les embarras de Baillargues et une lombalgie qué mé fasio pétat l'esquino, je pris gaillardement la route pour le pays de mes ancêtres, souhaitant secrètement me délecter avec goumandise de mes paysages favoris.Dès le franchissement de la pancarte "PUICHÉRIC" les douleurs s'atténuèrent laissant mon esprit courir dans mes souvenirs.Ici, les pierres chaudes sur lesquelles j'avais maintes fois lézardé étaient comtemporaines d'un ancien songe. La garrigue les avaient envahies.Mais, malgré les buissons, on reconnaissait le dessin de terrasses en gradins de la vigne de mon grand-père qui descendaient comme tant d'autres jusqu'au Canal de Riquet.
Puichéric le 24 juin 2009: j'étais heureux sur le bord de ma Rigole au pied de la maison des SOULIÉ. Quatre petits gardons frétillants vinrent perturber ma vigilance durant le premier quart d'heure. En m'appuyant sur l'histoire de ce pays pour remonter les siècles, j'imaginais les ruines d'une forteresse wisigothe dont on disait au village que c'était le tombeau du roi Alaric. Celui-ci avait donné son nom à cette montagne, la première des Corbières, en balcon au-dessus de la vallée par où remontent, les jours de marin, comme une brume, tous les encens de l'Orient.
Dans mon imaginaire, c'étaient là les fantômes de jardins suspendus où l'eau des premiers siècles descendait en rigoles, irriguant les potagers où abondait la salade.Je crois qu'ici aussi venaient s'assoir, plus tard, quelques cathares tout droit venus de l'Évangile exalté de saint Jean. La perturbation de mon aimable rêverie fut soudain troublée par la vision fugitive des camions-citernes qui passaient à la queue leu leu là-bas, sur la nationale. Mais les légions romaines, aussi, étaient passées, et l'ost de Simon de Montfort allumant de grands bûchers au loin vers le Cabardès et le Minervois.
L'accueil de Maryse,toujours souriante, me replongea dans cette atmosphère d'amitié apaisante et sans pareille.
-Veux-tu un petit café, ce sera ta pause avant ton tour dans le village?
- Bien sûr! D'autant que lorsque je vis entre les deux pancartes de Puichéric, toutes mes douleurs articulaires ont tendance à s'atténuer. Un vrai miracle! Mais je te demande de ne pas divulguer cette information, car il y aurait beaucoup trop de curistes au village.
Et nous voici tous réunis chez Laurence et Charles, en l'absence de Françoise restée à Baillargues, car le soir nous recevions ses amis de son club de gymnasqtique, ce qui impliquait un lourd travail de préparation.
-Ah, la saucisse grillée de Charles et les truites fraîchement péchées la veille par un de ses amis!
À l'issue du repas, nous avons rejoint le havre de paix de Patrick, père de Charles, qui nous avait préparé quelques pots de câpres et des boutures de câprier pour que nous puissions les planter dans nos propriétés respectives.
Cet homme avenant, ermite à ses heures, adore le silence de sa garrigue qu'il aime et protège comme personne.
Les écologistes de tout poil qui pérorent sous les ors de la République et les fauteuils moëlleux de la commission de Bruxelles ou du Parlement de Strasbourg, seraient bien inspirés de suivre cet exemple authentique.
Les pétarades du quad de Paul annonçèrent les premiers mouvements du retour sur Baillargues, non s'en avoir auparavant dégusté le succulent thé à la menthe que m'avait préparé Maryse pour me désaltérer avant mon départ.
Séjour du vendredi 17 au lundi 20 juillet 2009
Maryse et Jean-Pierre avaient conçu ce séjour de telle manière que nous puissions profiter d'une part de Puichéric et, d'autre part, de Villardonnel, village de naissance de Maryse dont son frère en est actuellement le premier magistrat.
Arrivés avec Françoise et "Stan" vers onze heures le vendredi matin, nous avons pu, après le repas, respirer l'air vivifiant du village de mon enfance en parcourant les chemins qui me conduisent d'un pas léger,vers des lieux connus depuis toujours.Ainsi, je suis allé "revoir" mes grands-parents et Roger Soulié qui repose désormais à leur côté. Le soir venu nous sommes partis coucher à Villardonnel dans la maison de Maryse située au pied de l'église, dont le curé avait eu l'excellente idée de faire cesser le carillon de l'horloge entre 22heures et 7heures du matin.
Le samedi matin, Daniel, frère de Maryse nous avait concocté une marche touristique qui consistait à parcourir gentiment le Cabardès, afin de découvrir la chapelle de Notre-Dame de Canabès, située au coeur de ce coin de France dont l'histoire est intimement liée à celle de la croisade des Albigeois. Contiguë au cimetière du village,cette chapelle dont la construction remonte au IXème siècle de notre ère fut fréquentée par de nombreux pèlerins au cours des siècles écoulés. Curieusement, elle porte aussi le nom de "chapelle de Charlemagne", sans que personne ne puisse en fournir une explication crédible. Les gens du cru ont-ils voulu honorer une hypothétique victoire du grand empereur, longtemps après l'évènement?
Licencié en archéologie, Daniel a déployé tout son talent de conteur érudit, amoureux de son pays pour impreigner son public attentif de toute la quintessence du lieu. Cette chapelle, très dépouillée, nous a révélé son authenticité au travers des rares reliques qu'elle protège en secret depuis des siècles. La statue de l'enfant, taillée dans la pierre, et surmontant le maître-autel présentait la caractéristique d'être déhanchée, comme la plupart de celles façonnées dans l'atelier de Rieu. L'originale étant exposée au sein d'une chapelle de l'église de Villardonnel. Passionné d'archéologie, Daniel nous a confié avoir entrepris de savantes fouilles, pensant qu'une crypte discrète pouvait révéler quelques secrets retraçant par morceaux, l'histoire des siècles passés. Pour l'heure, les fragments de poterie récupérés sont en attente d'expertise.Pour rejoindre le village, nous avons emprunté un petit chemin étroit qui serpentait sur les hauteurs sud de Villardonnel à travers d'anciennes vignes disposées en terrasses que les châtaigniers recouvraient de leur ombre ondoyante, au gré de la brise matinale.Cette balade, appréciée de tous, fut un concentré d'histoire en pays Cabardès, sur les hauteurs de la route impériale, axe jadis très fréquenté par les nombreuses diligences de voyageurs et charrettes de tisserands qui faisaient halte au relai de poste, situé en bordure de la route impériale: aujourd'hui RN 118.
Pour le repas de midi, Daniel nous a rejoint afin de poursuivre la série des contes et légendes qui gravitent autour de cette curieuse chapelle, suscitant ainsi la curiosité des hôtes de Maryse, voire leur impatience.
Le lapin de garenne parfumé à l'ail "cathare" fait aujourd'hui partie des délices gravés dans nos mémoires. La digestion de ce mets délicat nous conduisit tout naturellement vers une sieste "disciplinaire" que nous nous imposâmes sans contrainte, avant le passage des forçats de la route du Tour de France à la télévision.Ce fut le nécessaire préalable à la visite du monument de la Résistance à Fontbruno que Jean-Pierre tenait absolument à me faire visiter.
Le mémorial de la Résistance, la crypte et l'ossuaire y rapellent la présence et les combats du Corps Franc de la Montagne Noire (CFMN) durant l'occupation allemande de 1942 à 1945. Maryse, Françoise, Daniel et Jean-Pierre et "Stan".
La force du CFMN fut d'être à l'image de la France dans sa diversité: Français de différentes régions, Belges, Russes, Républicains espagnols...Toutes les religions composaient l'évantail de cette troupe très éclectique.Certains morts furent salués par la lecture du Coran, d'autres enterrés selon le rite chrétien...Une force qui était déjà, finalement, à l'image de la Franc d'aujourd'hui.
La soirée de samedi fut le temps fort des festéjaïres de Villardonnel qui avaient organisé un couscous agrémenté d'un orchestre champêtre très couleur locale. Entouré d'un groupe de sonneurs de cornemuses, monsieur le maire gratifia l'assistance de quelques airs d'accordéon et de chansons en patois, reprises en choeur pour le ravissement de tous. Mais le couscous n'aurait été qu'un agréable divertissement sans l'extraordinaire chanson d'un auteur inconnu qui entonna sans vergogne "La boîteuse", une paillarde de bon goût, déroulant à l'envi ses couplets sous les rires houleux des 200 convives.Pensez donc , cette brave dame se déplaçait en accentuant la démarche chaloupée de son postérieur, suscitant ainsi la convoitise de la gent masculine de Lézignan et des environs. Selon ses dires, aucun godelureau du canton ne pouvait résister aux attraits provocateurs de "la boîteuse", anéantissant d'un coup tous les prêches et les leçons de comportement dispensés par les détenteurs de l'ordre moral.
Dimanche matin, visite de Montolieu village du livre. Petite bourgade fort bien mise et joliment restaurée, depuis l'installation des nombreux bouquinistes qui l'ont agrémentée de ravissantes échopes garnies de rayonnages sur lesquels reposent des livres de troutes les époques.
L'aprés-midi, le programme: "sieste et Tour de France" fut scrupuleusement respecté par l'ensemble des parties prenantes, avant d'aller se promener avec nos deux chiens, "Nacre" et "Stan" autour du lac de Saint-Denis, havre de paix et de senteurs.
Le soir, repas sympathique en présence de Daniel et retour sur Puichéric pour passer la nuit au pied de ma Rigole.
Vers 9 heures, je suis allé parcourir le "Coude", car Jean-Pierre m'avait indiqué la présence, d'une vieille voiture ayant appartenue à l'une de ses parentes, aujourd'hui décédée. Mais ce lieu étant si vaste que je n'ai pu découvrir la dite automobile. De guerre lasse, je suis revenu à l'atelier où nous avons décidé de faire le tour de Puichéric, afin de découvrir à deux les lieux qui nous sont chers. Ainsi, après être passés aux oliviers sur la route de Laure, nous avons longé l'enceinte du château de Saint-Aunay proche du village, puis, de là nous avons filé vers la vigne de mon grand-père à partir de laquelle nous avons pu observer le plus beau paysage qui soit. À nos pieds, le Canal du Midi et, à l'horizon, sa majesté l'Alaric.Entre les deux: Puichéric. Une pure merveille léguée par la nature et tous les hommes qui nous ont précédés sur cette planète aujourd'hui si fragile.
Au nord, en regardant vers la Montagne Noire, on se prépare à l'envol entre vignes et jeunes olivettes encloses de murets de pierre blanche. La petite route qui monte à l'Estagnol prend les landes éparses à bras le corps, enserrant ainsi depuis quatre-vingts ans la vigne de mon papet.Que de fois ne l'a-t-il gravie, la lourde pierre à l'épaule pour construire le petit mur de soutien sur le côté sud de la vigne?
La contre-offensive de la garrigue a reconquis les hautes terrasses aménagées par des siècles de tenacité agricole.Les cystes cotonneux, les romarins, le thym, les pins d'Alep et les chênes verts veillent à la frontière: ici s'éteint la toute puissance de la vigne, ici commence l'autre pays, celui des gorges des grottes et des plateaux balayés par le vent.
En ce 22 juillet de l'an de grâce 2009, au cours duquel le Minervois commémore le 800ème anniversaire du sac de Béziers par les croisés de Simon de Montfort, j'éprouve un sentiment confus, mêlant admiration mesurée pour la grandeur de l'histoire des hommes et horreur pour l'ensemble des exactions commises au nom des grands principes durant des siècles.
Après le repas de midi, nous prîmes la route du retour avec notre plein d'affectif. Peut-être moi plus que quiconque, ceci dit avec l'humilité de celui qui a vécu dans un cocon d'amitié au sein duquel je savoure pleinement l'état de l'homme heureux.
À bientôt mes petits SOULIÉ, Daniel, mes cousins, Nicole et Roger JEANNET et tous ceux que nous avons eu le plaisir de connaître au cours de notre séjour qui nous conduisit de Puichéric à Villardonnel niché au coeur du pays Cabardès riche d'une histoire unique et passionnante aux confins du royaume de France.
Samedi 12 septembre 2009
Maman devant venir passer quelques jours à Baillargues, nous avions décidé, Geneviève et moi de nous donner rendez-vous chez les SOULIÉ, afin "d'échanger" la mamie toujours prête à voguer sur la planète des hommes.Animé par un Jean-Pierre éblouissant d'humour, à l'instar de son père, le succulent repas soigneusement préparé par Maryse servit de support à une succession de rires qui n'épargnèrent aucun des convives, y compris Nicole et Roger JEANNET qui nous rejoignirent vers 14heures pour prendre le café.Mais, la nouvelle la plus inattendue fut à coup sûr, l'annonce par Jean-Pierre de l'arrivée dans son auguste demeure d'un ordinateur qui viendra meubler le bureau, où trois générations de SOULIÉ se sont succédées pour l'épanouissement de cette famille respectable.
Maman, Jean, Marie-Christine, Jean-Pierre, Maryse et Christian.
Une bonne table! Maman sur le chemin de la vigne.
Cette photo peut paraître décalée dans le contexte retraçant l'histoire de notre famille à Puichéric, néanmoins elle correspond au séjour que fit maman du 12 au 26 septembre 2009 à Baillargues. Lors du trajet aller et retour, nous avons mangé à midi chez Jean-Pierre et Maryse, au sein de cette ambiance familiale que nous aimons, au-delà de toute raison. Mais, entre eux et nous les coeurs n'écoutent que les coeurs!
Mercredi 11 novembre 2009
En ce jour historique commémorant l'Armistice de 1918, j'ai pu me recueillir, pour la première fois de ma vie, devant le monument aux morts de Puichéric, accompagné par Jean-Pierre et une foule silencieuse entourant chaleureusement les Anciens combattants et les membres du conseil municipal.Devant le monument aux morts, figé dans un garde-à-vous maintes fois observé dans ma carrière d'officier,face à l'obélisque de pierre blanche, je lisais avec l'émotion qui étreint l'humain lors des grands moments de sa vie, les noms des jeunes hommes du village tombés au "Champ d'honneur" ou péris en mer lors de la Première Guerre mondiale, mais aussi, au cours des conflits qui suivirent dans l'histoire de notre pays profondément meurtri au cours des siècles.Ce jour-là, dans le village de mon enfance, " la Marseillaise " et " La sonnerie aux morts " renvoyèrent leurs échos par-delà le Canal, se perdant en finale dans les sillons vieillis de la vigne de mon grand-père située sur le flanc sud du Roc de Brau.